Le train de banlieue stationne le long du quai de la gare St Lazare, presque vide. En tête de train, une jeune femme installée dans un compartiment vide fume pensivement, les pieds posés sur la banquette qui lui fait face. L’air absent, elle voit passer un jeune homme près de sa fenêtre, sans trop prêter attention au regard étrange qu’il lançe sur elle en passant à sa hauteur. Alexandra est fatiguée, un peu énervée et n’a qu’une envie : rentrer chez elle.
Le jeune homme est monté dans le wagon. Curieusement, alors que tous les sièges sont libres, il choisit de venir s’installer à proximité de la banquette occupée par Alexandra, de l’autre côté de la travée pour être précis. Il lance de nouveau un regard oblique à la jeune femme, puis vers les pieds de celle-ci. Alexandra tira une nouvelle bouffée de sa cigarette, vaguement inquiète. Pourquoi faut-il qu’il vienne me faire ch… jusqu’ici celui-là ?
L’inconnu continue à regarder à la dérobée les pieds d’Alexandra. Elle est chaussée de sandales en cuir, très simples avec une large lanière sur le dessus du pied, reliée à un simple passant séparant le gros orteil des autres doigts de pied. Ses ongles, un peu longs, ne sont pas vernis et renvoient joliment l’éclat du soleil. La poussière de ses semelles salit le revêtement du siège sur lequel elle appuie ses pieds mais visiblement, elle s’en moque…
« Vous ne savez pas qu’il est interdit de fumer dans ce wagon ? »
Alexandra sursaute et regarde méchamment le nouveau venu. Elle ressent un frisson d’angoisse mais se raisonne vite. Le jeune homme qui l’apostrophe ainsi n’est pas plus grand qu’elle et ne lui donne pas l’impression d’être un voyou dangereux. Et puis elle a l’intuition qu’elle ne court pas de danger, sans vraiment savoir pourquoi…
Elle choisit de garder le silence, surveillant l’inconnu du coin de l’oeil
« Je vous ai parlé, il me semble… »
Alexandra hésite. Se lever, partir ? Elle commençe à rassembler ses affaires mais l’inconnu est plus rapide. Il s’est déjà levé et lui interdit toute fuite… Et personne en vue. Pire, le signal de départ se met à retentir…
La jeune femme se met en colère
« Mais qu’est-ce que vous me voulez à la fin, vous pouviez vous mettre n’importe où ailleurs si la fumée vous dérangeait tant ? Foutez-moi la paix ! »
Le jeune homme paraît hésiter. Quelque chose n’est pas clair dans toute cette histoire. Il objecte, montrant les traces de poussière laissées sur le siège par les semelles des sandales
« En plus, vous avez pourri les sièges… » Il s’avance vers Alexandra.
La jeune femme se renfonce dans son fauteuil et pivote légèrement pour faire face à l’inconnu. Dans un geste de défense, elle ramène ses cuisses contre son ventre dirigeant ses pieds vers lui pour parer à toute agression. Elle commence à avoir peur, mais ne peut s’empêcher de ressentir de la colère
« Foutez-moi la paix, ou alors… »
« Ou alors quoi ? » sourit l’inconnu en avançant encore « Je veux juste que vous cessiez de fumer.. » Il tend la main vers la jeune femme, comme pour lui attraper le poignet.
Alexandra détend violemment sa jambe et frappe le jeune homme en pleine poitrine de toutes ses forces avec son pied. Il pousse un cri de douleur, et reste un instant interdit, comme sonné par le coup qu’il vient de recevoir. Sans attendre, Alexandra lui porte un second coup de pied, tout aussi rapide, tout aussi violent, en visant le bas-ventre. L’inconnu pousse un véritable glapissement de douleur et s’effondre en boule sur le sol.
Alexandra se sent instantanément soulagée de voir avec quelle facilité elle a pu terrasser son adversaire. Maintenant qu’elle n’a plus peur de lui, elle peut laisser libre cours à sa colère. Elle inspire une dernière bouffée de tabac et jette le mégot par la fenêtre en se levant. L’inconnu continue à gémir au sol, recroquevillé en chien de fusil.
Sans réfléchir, elle lui donne un nouveau coup de pied, de toutes ses forces, lui arrachant un nouveau cri de douleur
« Alors, tu as compris maintenant ? »
Nouveau coup de pied. Nouveau cri.
« Tu es calmé, tu n’as plus envie de jouer au justicier ? »
Elle pose sans douceur sa sandale sur la joue de son présumé agresseur et fait tourner son pied, lui écrasant la figure comme elle le ferait pour écraser une cigarette, puis elle frotte durement sa semelle le long de sa joue, d’avant en arrière, comme si elle l’essuyait sur un paillasson
« J’espère que mes semelles seront plus propres. Maintenant que je les ai essuyées sur toi, je ne risque plus de salir les sièges… Eh Superman, quel effet ça te fait d’être mon paillasson ? »
Elle commence à se prendre au jeu. Sa fatigue et son énervement s’évaporent comme par magie à mesure qu’elle se défoule sur son agresseur devenu victime
« Allez, défends-toi, tu ne vas quand même pas te laisser taper dessus par une faible femme »
En riant méchamment, elle s’acharne sur son adversaire toujours à terre, le frappant, le piétinant, déchirant ses vêtements en frottant furieusement la semelle de ses sandales dessus…
Enfin, elle se calme un instant, écoutant distraitement la voix suppliante du jeune homme qui implore sa pitié.
Elle remarque par terre des papiers épars, de la monnaie, tout ce qui s’est échappé des poches de l’inconnu tandis qu’elle le passait à tabac. Elle se penche pour ramasser une carte d’identité
« Martin Carpat… Eh bien voilà, tu as un nom… comme c’est drôle, tu devrais plutôt t’appeler Martin Carpette »
Le jeune homme fait une tentative pour se relever. Un coup de pied en plein visage le renvoie au sol, la lèvre ouverte
« Reste par terre ! Je n’en ai pas fini avec toi ! »
Elle regarde son adversaire prostré à ses pieds, gémissant. Son visage est si proche de son pied qu’elle peut sentir le souffle chaud de sa respiration sur ses orteils
« Tu n’es vraiment pas une terreur » lance-t-elle, méprisante
La jeune femme prend son sac, les papiers de son adversaire vaincu et se dirige vers le signal d’alarme. Elle appelle le jeune homme, resté au sol la bouche en sang
« Martin ? Mr Martin Carpat résidant 26 rue du Pied Mignon… » annonce-t-elle à haute voix, moqueuse
Affolé, le jeune homme se redresse. Il comprend qu’il a perdu ses papiers, mais il ne sait pas à quoi veut en venir la jeune femme
« Martin ? Tu sais ce que je vais faire maintenant ? Je vais tirer ce signal d’alarme et porter plainte contre toi ! Dire que tu m’as agressée, mais que tu ignorais que j’étais championne de karaté. Ce n’est pas vrai, mais on me croira quand on verra ta figure »
Martin se relève en titubant. Il lance à Alexandra un regard suppliant « Je vous en prie… »
Alexandra éclate de rire. Elle éprouve une joie mauvaise à se venger de cet homme qui lui a fait si peur. Maintenant qu’elle le sent à sa merci, elle a le triomphe tyrannique…
« Viens Martin, fais encore un pas vers moi et je tire la poignée… » Le jeune homme s’immobilise instantanément
« Bien…. très bien… te voilà plus raisonnable. Tu as besoin de tes papiers Martin ? Hmm, oui, je suis sûre que tu en as besoin »
Le jeune homme lui lance un regard désespéré « S’il vous plaît…. »
« La ferme ! Alors, tu veux récupérer tes papiers ? Il va falloir les mériter… Que serais-tu capable de faire pour ça ? Dis-moi Martin, est-ce que tu serais prêt à ramper pour les récupérer ? Serais-tu prêt à te traîner à mes pieds en suppliant ? Ou préfères-tu entendre le son de l’alarme ? Le conducteur n’est pas bien loin…
Alors ? Je te laisse trois secondes… Un…deux…tr… »
Martin Carpat s’effondre à genoux, implorant, sous le regard triomphant de sa tourmenteuse
« Très bien Martin, très bien. A quatre pattres maintenant… Allez !!! Voilà… Maintenant traîne-toi devant moi. Et je te conseille de ne pas faire le malin, je garde la main sur la poignée… »
Le jeune homme, décomposé, obéit aux ordres dégradants que lui donne Alexandra. Parvenu à ses pieds, il lève vers elle ses yeux, la suppliant de lui rendre ses papiers
« Demande-moi pardon d’abord pour m’avoir agressé comme tu l’as fait »
« Mais je n’ai jamais voulu vous agresser, je… »
« Demande-moi pardon, tu entends ? Tout de suite !!! »
« Je vous demande pardon. S’il vous plaît, rendez-moi mes papiers et oublions toute cette histoire »
« Baise-moi les pieds »
« Quoi ? Vous êtes folle ? »
« J’ai dit : Baise-moi les pieds »
Alexandra crispe ses doigts sur la poignée du signal d’alarme. Le mouvement n’échappe pas à Martin. Pleurant presque de honte, il se prosterne pour embrasser les pieds d’Alexandra. En approchant sa bouche de ses orteils, il distingue les petites particules de poussière qui se sont collées sur les pieds de la jeune femme. Une odeur pénétrante s’infiltre dans ses narines. Il n’arrive pas à croire ce qu’il est en train de faire
« Alors ? »
Mortifié, Martin pose ses lèvres sur les doigts de pied de la jeune femme
« Baise mes pieds et demande pardon » La voix d’Alexandra est calme et déterminée
Martin s’exécute de nouveau
« C’est déjà mieux. Lèche-moi les pieds maintenant… »
« Pitié, je vous en prie… je vous ai demandé pardon, j’ai rampé devant vous. Ecoutez, je vous en prie… »
« D’abord, c’est le permis de conduire par la fenêtre. Ensuite l’alarme. Je ne crois pas que tu aies le choix. Ca te servira de leçon pour l’avenir, si d’aventure tu voulais recommencer à importuner une femme seule… Maintenant, lèche-moi les pieds. C’est un ordre ! »
La scène devient surréaliste. Surmontant sa honte et son dégoût, Martin, vaincu, sort sa langue et commence à lécher les orteils poussiéreux d’Alexandra. Le goût salé le surprend. Son estomac se noue en pensant qu’il est en train de lécher la transpiration des pieds d’une femme. Mais a-t-il vraiment le choix ?
Enfin, Alexandra lui ordonne d’arrêter sa besogne dégradante. Soulagé, il se redresse, réclame ses papiers et la fin de ce chantage odieux
Alexandra le regarde et éclate de rire
Elle pose son pied contre l’épaule du jeune homme et le repousse en arrière
« Je ne suis pas très gentille vois-tu. J’aime humilier les hommes, les écraser comme des vers de terre. Je n’ai jamais eu l’intention de te rendre tes papiers, je suis désolée. Quant à l’alarme… continue Alexandra avec un sourire cruel, puis elle tire la poignée
Noooooooooon s’écrie Martin, désespéré.
La sonnerie déchire le silence. Alexandra ? Martin ? Ohhhhhhhhhhhhh le réveil… Déjà sept heures ? … quel drôle de rêve…